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Série Café virtuel de l'EFPC : L'Europe aujourd'hui (TRN5-V11)

Description

Cet enregistrement d'événement présente une conversation avec Ailish Campbell, Stephanie Beck et Michelle d'Auray au sujet des forces économiques, sociétales et liées à la sécurité qui donnent lieu aux événements qui se produisent actuellement au sein de l'Union européenne.

Durée : 01:02:03
Publié : 1er février 2022
Type : Vidéo

Événement : Série Café virtuel de l'EFPC : L'Europe aujourd'hui


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Série Café virtuel de l'EFPC : L'Europe aujourd'hui

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Transcription : Série Café virtuel de l'EFPC : L'Europe aujourd'hui

[Le logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada se dessine sur un fond violet. Une page apparaît, puis elle se transforme en livre ouvert. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre, qui ressemble aussi à un drapeau en dessous duquel se trouvent des lignes courbes. Le texte suivant s'affiche à côté du logo : « Webcast | Webdiffusion ». Le texte s'efface et est remplacé par un appel vidéo. L'écran montre en gros plan une femme aux cheveux gris, courts et volumineux, et aux lunettes rouges. Elle a des écouteurs.]

Michelle d'Auray : Bonjour,

Bienvenue à la série Café virtuel de l'École de la fonction publique du Canada.

Je m'appelle Michelle d'Auray et je serai votre modératrice aujourd'hui.

[00:00:14 Une boîte de texte violette s'affiche dans le coin inférieur gauche. Il y est écrit que la femme s'appelle Michelle d'Auray et qu'elle est l'ancienne ambassadrice et représentante permanente du Canada auprès de l'OCDE. La boîte glisse vers la gauche et disparaît.]

Michelle d'Auray : L'objet de la série est de présenter aux fonctionnaires quelques conférencières ou conférenciers de grand renom, tant de la fonction publique que de l'extérieur, et aujourd'hui, nous avons le plaisir de traiter d'un sujet, ma foi, peu d'actualité, à savoir l'Europe d'aujourd'hui. J'allais dire le R.‑U. et l'Europe d'aujourd'hui, car nous faisons maintenant face à une configuration très différente.

J'ai le plaisir de vous annoncer que l'interprétation simultanée est offerte pour la séance d'aujourd'hui, et que nous pouvons également converser avec nos deux panélistes dans les deux langues officielles.

Nous avons donc le plaisir de recevoir deux merveilleuses conférencières, d'abord Ailish Campbell,

[La fenêtre vidéo d'une femme blonde portant une chemise avec un motif de peau de serpent apparaît. Elle est assise devant une grande toile colorée représentant un paysage abstrait.]

Michelle d'Auray : qui est notre ambassadrice à l'Union européenne, et Stefanie Beck, haute-commissaire adjointe au R.-U.

[La fenêtre vidéo d'Ailish est remplacée par celle de Stefanie, une femme bronzée aux cheveux blonds foncés, assise près de la caméra. La fenêtre de Stefanie disparaît et celle de Michelle occupe tout l'écran.]

Michelle d'Auray : Le thème de la séance est des plus intéressants, car tous les pays sortent de la pandémie, l'Union européenne sort de la situation du Brexit au plus fort de la pandémie, le R.-U. également.

Nous sommes tous concernés par certains développements intéressants avec l'administration Biden, alors comment gérer la nouvelle relation avec les États‑Unis? La Chine joue un rôle de premier plan et prend de plus en plus d'importance; en Europe et ailleurs dans le monde, la Russie demeure un acteur intéressant.

Et enfin, le grand joueur dans tout cela est le changement climatique. Nous avons la pandémie, l'Ouest, la Chine, la Russie, mais la question du changement climatique est aussi prévalente. J'ai eu le plaisir d'apprendre à connaître l'Europe lorsque j'étais ambassadrice et représentante permanente du Canada à l'OCDE, qui est l'Organisation pour la coopération et le développement économiques. Et même si j'ai pu observer la dynamique de bloc de l'Union européenne, ainsi que la façon dont chaque pays pouvait manifester son point de vue, il reste toujours quelques tensions inhérentes dans le bloc européen, mais on y décèle aussi quelques éléments très importants pour le Canada. Ce groupe de pays représente 440 millions de personnes. Le R.‑U. compte près de 70 millions de personnes, l'UE est notre deuxième partenaire commercial en importance et, au sein de l'UE, le R.-U. était notre plus grand partenaire commercial.

[Les fenêtres vidéo d'Ailish et de Stefanie apparaissent à gauche de l'écran.]

Michelle d'Auray :  Je vais maintenant laisser la parole à nos deux présentatrices d'aujourd'hui, qui vous donneront un aperçu de leur carrière et de ce qui les intéresse et vous parleront de la façon dont elles perçoivent l'Europe d'aujourd'hui : un thème bien modeste, et en plus le débat sur le R.‑U. Ailish, vous avez la parole.

Ailish Campbell : Thank you, Michelle. I'm very happy to be here with you today, and I'd like to say a big hello to the entire team in Ottawa and across Canada.

[La fenêtre vidéo d'Ailish remplit l'écran. Une boîte de texte violette apparaît dans le coin inférieur gauche. Il y est écrit qu'elle s'appelle Ailish Campbell et qu'elle est l'ambassadrice du Canada auprès de l'Union européenne. Le texte reste immobile un certain temps avant de glisser vers la gauche et de disparaître.]

Ailish Campbell: J'ai pensé commencer peut-être par une brève introduction sur l'UE et cinq points clés et j'ai hâte à notre discussion d'aujourd'hui. L'UE se compose, comme Michelle le mentionnait, d'un bon nombre d'États membres, actuellement continentaux, puisque le R.‑U. vient tout juste de terminer sa sortie, ce dont traitera la haute-commissaire adjointe Beck. Ses 27 membres sont un groupe de pays qui s'est développé au départ, dans les années 1950, autour d'un noyau de la collectivité du charbon et de l'acier.

Ce noyau s'est élargi au fil du temps pour englober une politique agricole commune, une position commerciale commune et maintenant, une relation de plus en plus profonde qui, pour certains des 27 membres, comprend une monnaie commune. Nous avons traité de l'existence de ce marché commun, ainsi que de la collaboration sur toute une gamme de questions, notamment la science et la technologie, les données et je crois que Michelle l'a à juste titre fait ressortir, l'environnement. Ce sont certaines choses en commun pour les 27 membres de l'UE, qui englobe maintenant, voyez-vous, le Portugal et l'Espagne, et puis ensuite, l'Italie et la Grèce dans le Sud, et s'étend jusqu'à la Roumanie, la Bulgarie, la Pologne, la Suède et les pays nordiques, à l'exception, bien sûr, de la Norvège, qui ne fait pas partie de l'UE, une façon plus facile de la décrire, la Suisse ne fait pas partie de l'UE. Ce qui est resté au niveau des États membres comprend, facteur très important pour le Canada, ce qui touche la politique frontalière, car il y a une entente interne commune selon laquelle les citoyens peuvent se déplacer librement à l'intérieur de la zone Schengen de l'Union européenne, mais bien sûr, les États membres conservent leurs politiques sur la frontière, l'immigration et certains aspects clés des soins de santé et, évidemment, cela est devenu un enjeu de taille cette année au cours de la pandémie. Les cinq domaines clés que j'aimerais aborder tout d'abord sont les valeurs partagées et la prééminence commune de la règle de droit dans chaque pays, et l'importance que nous accordons nous aussi aux institutions démocratiques, à l'interne, pour veiller à ce qu'elles assurent non seulement la défense, mais la promotion de la démocratie, la défense de la démocratie contre la désinformation. N'oubliez pas, c'est un voisinage complexe, partageant évidemment des frontières avec la Russie, qui a mené, comme chacun sait, des campagnes actives de désinformation contre les vaccins, y compris ceux qui ont récemment été approuvés par l'Agence médicale européenne.

En plus, bien sûr, il y a nos relations avec l'OTAN, qui sont extrêmement importantes, soit le deuxième élément dont je veux discuter, la sécurité. Ainsi, l'UE est de plus en plus un partenaire sur sa propre politique de défense indépendante, mais en même temps, le Canada est membre à part entière et c'est mon collègue l'ambassadeur David Angell qui est l'ambassadeur à l'OTAN. En troisième lieu, il y a l'environnement, par exemple le changement climatique, l'action contre le changement climatique tandis que s'approche la CDP15 sur la biodiversité et la CDP26 sur le changement climatique. Le Canada est de plus en plus actif et mène une relation unique avec l'UE : nous avons comme l'UE une tarification du carbone et cherchons à mettre au point des mesures d'ajustement en carbone à la frontière, nous essayons tous d'augmenter de par le monde les ambitions concernant le climat et avons établi une collaboration ministérielle entre nous, la Chine et l'UE, collaboration qui s'est instaurée, je crois, à une époque difficile, au temps de notre relation sur l'environnement, lorsque les É.‑U. ont quitté l'Accord de Paris et cette ambition repose sur nos partenaires européens et nous pourrons en discuter davantage.

Un autre point que j'estime lié, bien sûr, est notre travail dans l'Arctique, car nous partageons, ne l'oublions pas, le Cercle arctique avec nombre d'États membres de l'UE, notamment, évidemment, le Danemark, la Suisse et la Finlande, qui sont très actifs au Conseil de l'Arctique. En ce qui a trait au commerce, aspect pour lequel nous avons établi un partenariat d'échange et de coopération, l'Accord économique commercial global ou AECG et à ce titre, je dois reconnaître, Michelle, que la preuve n'est plus à faire, car depuis trois ans et demi que l'Accord est ratifié, le commerce a augmenté de plus de 25 % de part et d'autre entre 2016 et 2019 et, au cours d'une année extrêmement difficile dans la pandémie, nous avons vu les exportations canadiennes vers l'UE demeurer presque stables, avec certaines hausses, notamment, car le Canada a établi sa proposition de valeur en tant que partenaire en sécurité alimentaire, mondialement pour l'Amérique latine et du Sud, l'Asie et, bien sûr, l'UE pour presque tous les autres produits pendant la pandémie, le moindre n'étant pas notre intrant et diverses contributions pour les vaccins. Nous avons évidemment reçu une grande quantité de nos vaccins du T1 de l'Union européenne, notamment notre chaîne d'approvisionnement Pfizer et celle de Moderna. Donc l'UE, si… je le répète, j'aime les points de certitude. J'aime les données, je connais mieux ce domaine, je pense que les points de données peuvent se trouver sur les plans de la solidité de cette relation et la poursuite des exportations de vaccins vers le Canada et enfin, bien sûr, je voudrais simplement aborder la question de l'innovation et de la technologie, car il s'agit, en l'occurrence, de la façon dont nous sortons de la pandémie, ainsi que l'importance des investissements en recherche-développement, en innovation et en expansion de nos entreprises. Nous avons des investisseurs exceptionnels de l'UE dans l'expansion d'entreprises canadiennes et inversement, des IDE très forts en technologie en Europe, des ventes solides entre entreprises et, comme chacun le sait, une collaboration continue en biotechnologie, intelligence artificielle et toute une gamme d'applications numériques qui deviendront essentielles dans notre façon de vivre après cette pandémie.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et de Stefanie reviennent à l'écran.]

Ailish Campbell : Je n'ai abordé que quelques points, Michelle, et j'espère que c'est là une introduction utile, dont j'ai hâte de traiter dans notre discussion. Merci beaucoup.

Michelle d'Auray : Merci, Ailish, vous avez couvert bon nombre de thèmes. Stefanie, à vous la parole.

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Stefanie Beck: Well, similarly, it's difficult to squeeze everything into a few minutes, but I'll try to set the scene to start off with.

[Une boîte de texte violette apparaît dans le coin inférieur gauche. Il y est écrit qu'elle s'appelle Stefanie Beck et qu'elle est la haute‑commissaire adjointe du Canada au Royaume‑Uni de Grande‑Bretagne et d'Irlande du Nord. Le texte reste immobile un certain temps avant de glisser vers la gauche et de disparaître.]

Stefanie Beck: Je dirais, comme vous, qu'il est difficile de tout aborder en quelques minutes et, évidemment, j'aurai plaisir à répondre par la suite aux questions dans les deux langues officielles. Il s'agit d'une discussion des plus opportunes et le premier ministre, Justin Trudeau, atterrit à Cornwall le 10 juin, soit aujourd'hui jeudi et c'est sa toute première rencontre du G7, la première, je crois, en deux ans. Ainsi, les Britanniques sont très enthousiastes et déterminés à cet égard depuis le début et désirent un sommet en personne. C'était extrêmement important pour eux et très significatif à divers titres, que nous pourrons aborder un peu plus tard.

Je voulais commencer d'entrée de jeu par, pourquoi le Brexit? Pourquoi sortir de l'UE? Il est juste de dire que, d'un point de vue économique, ce n'est pas une bonne idée. Il me semble qu'il n'y a pas eu beaucoup d'économistes qui se sont exprimés, disant « Hola, nous devons vraiment sortir de l'Union européenne, ce n'était pas une bonne affaire pour nous ». Pas du tout, c'est surtout une discussion politique, une discussion fondée sur le plan affectif, qui est entendue et interprétée de façon différente dans l'ensemble des quatre nations. Les gens tendent à oublier que le Royaume-Uni se compose de quatre nations et que chacune avait un point de vue très différent sur le Brexit et en fait, on passe maintenant à la mise en œuvre.

La dévolution proprement dite, contrairement au Canada, où notre structure fédérale et provinciale-territoriale est en place depuis les débuts, la situation, au R.‑U., n'a que 20 ans à peine et cela prouve, à mon avis, que les problèmes de ce genre se sont amplifiés avec le Brexit. Ainsi, l'impact de la COVID, la pandémie qui sévit ces quelques 18 derniers mois, et dans une certaine mesure, l'impact caché du Brexit sur l'économie et en fait, un peu sur l'Union européenne également. Il est un peu difficile d'interpréter la statistique uniquement sous l'éclairage de la pandémie, de même que sous celui du Brexit proprement dit. La période de transition très longue a créé d'énormes incertitudes pour, disons-le, tous les joueurs, et pas simplement les membres restants de l'Union européenne, mais aussi le Royaume-Uni et tous les partenaires commerciaux. Le Canada a réagi très tôt et mis en place une entente de continuité, en fait un accord de transition de l'excellent AECG, l'Accord commercial Canada-Europe, pour quelque chose de plus tangible, dont la négociation commencera probablement en septembre, à l'automne de cette année.

Les négociations proprement dites, je dirais compte tenu de quatre ans d'incertitude, de trois premiers ministres, de deux élections au Royaume-Uni, signifient qu'il y avait beaucoup d'amertume et que c'était une situation de perdants. Dans la majorité des négociations, vous le savez, nous cherchons à savoir si nous avons un terrain d'entente, des points communs. Où voulons-nous un résultat analogue? Dans le cas qui nous occupe, chaque partie avait diverses raisons de faire ressortir les succès qui, en fait, seraient nuisibles à l'autre partie. Le Royaume-Uni devait prouver qu'il serait mieux en quittant l'UE et l'Union européenne devait faire voir que, en fait, il est difficile de sortir, que cela ne vaut pas la peine, qu'il vaut mieux demeurer dans l'UE. Ainsi, ces pourparlers diamétralement opposés sont en partie la raison pour laquelle il a fallu quatre ans, mais également pourquoi il y a eu tant d'amertume et de méchanceté finalement. Ici, à Londres, on pouvait dire que c'était surtout une question de politique interne et que non seulement le premier ministre négociait-il pour une sortie solide du pays, mais avait également besoin de veiller à ce que chacune des nations puisse retirer quelque chose de cette sortie. Bien sûr, les récentes élections en Écosse ont prouvé que le Parti national écossais est de retour, qu'il a d'importants effectifs et que son but est de revenir dans l'Union européenne et de sortir du Royaume-Uni et bien sûr, aucun premier ministre du Royaume-Uni ne veut jouer un rôle dans des changements éventuels de ce genre. Ainsi, nous devons nous soucier davantage, désormais, de ce que veulent les différentes nations, mais fait intéressant.

Je crois que là où le R.‑U. a été à même d'obtenir un retour du pouvoir, c'est concernant la politique étrangère. Vous l'aurez certainement constaté, vous avez sûrement tous lu le nouvel examen intégré, un long document complexe, mais vraiment, l'intention est de faire ressortir que nous nous retrouvons avec nos propres moyens, nous avons notre indépendance en politique étrangère, nous pouvons prendre des décisions rapidement, nous sommes agiles, nous savons où nous allons et nous pouvons nous retourner et passer à la région indopacifique, si c'est cela que nous voulons faire, nous pouvons travailler plus étroitement avec le Groupe des cinq, si cela nous tente. Les changements de ce type, que le Royaume-Uni soit hors de l'Union européenne, sont en fait très bons pour le Canada; nous trouvons un nouveau partenaire, plus fort, avec lequel nous pouvons travailler avec grand succès sur toute une gamme de questions de politique étrangère et cela a fait pour nous une grande différence. J'aimerais entendre l'autre point de vue, celui de l'Union européenne sans le R.-U. C'est sûr, cela a eu une influence à l'intérieur, même si c'est un seul pays, mais il y a eu une influence et également un changement de l'équilibre du pouvoir à l'intérieur de l'Union proprement dite.

L'autre aspect que le Royaume-Uni a récupéré et dont j'ai parlé au début, qui rend les choses plus difficiles, ce sont les questions comme les pouvoirs dévolus.

[Les fenêtres vidéo d'Ailish et de Michelle reviennent à l'écran.]

Stefanie Beck : Ainsi, le Royaume-Uni n'a pas pu, par exemple, avoir de politique agricole depuis 40 ans. Donc, comment faut-il faire? Qui établit les règles? Qui décide où va aller l'argent qui n'ira pas à l'Union européenne? Quel est le cadre de chacun de ces aspects? Combien va aux nations? Que conserver à Londres? Il est certain que toutes ces questions n'avaient pas été mûrement réfléchies, même au cours de ces quatre ans, et maintenant, les problèmes commencent à se faire sentir, comme dit l'expression, il y a eu beaucoup de précipitation à savoir comment faire, par exemple « Hé, attendez, nous avons aussi besoin de gens pour administrer cela et nous avons besoin de compétences et nous ne savons pas très bien où commencer. » Donc, on a beaucoup discuté de cela en arrière-plan au cours des quelques derniers mois et je n'ai même pas touché la question du Protocole sur l'Irlande du Nord, mais nous pouvons garder cette question pour plus tard. Je m'arrêterai là.

Michelle d'Auray: Merci beaucoup, Stefanie. Vous avez toutes deux fait état des changements légers dans la politique étrangère et la façon dont cela toucherait le Canada. L'Union européenne en est sortie, je suppose, avec son propre groupe actuel des affaires étrangères après certains pourparlers,

[La fenêtre vidéo de Michelle remplit l'écran.]

sur la façon dont cela a trait au Canada et dont nous faisons affaire avec l'Union européenne dans ce contexte. Il en va de même pour le R.‑U., comment nous positionnons-nous? Le R.‑U. a en quelque sorte, j'allais dire, pivoté, mais c'est un peu plus que cela, dans les relations avec la Chine où, depuis longtemps, c'était très ouvert et très amical avec la Chine et on a fait, je dirais, plus que pivoter. J'utiliserai la Chine comme exemple, peut-être, pour l'Union européenne, qui a un peu, à mon avis, de difficulté sur cette question, sur le positionnement à ce sujet. Donc, comment le Canada gère-t-il le nouvel environnement de politique étrangère de l'UE et du R.‑U.? Alors, Stefanie, je commencerai par vous et ensuite, ce sera le tour d'Ailish.

Stefanie Beck: À mon sens, la formulation qui me vient immédiatement est la relation transatlantique et c'est quelque chose que la Dre Campbell et nous tous ici, et d'autres, en fait, toutes nos missions dans les capitales européennes ont porté sur cela,

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

le changement de gouvernement aux États-Unis a également ouvert beaucoup de perspectives, pas seulement pour nous, non pas pour le Royaume-Uni, l'UE, mais pour tous et je pense qu'il y a eu pas mal d'analyses et de ruminations à savoir quelle est la meilleure manière de nous positionner pour tirer parti de cela : nous avons actuellement un créneau. Strictement sur les relations bilatérales Canada-R.‑U. du côté de la politique étrangère et concernant la relation avec la Chine, je crois que si quelque chose se précise, c'est la mesure dans laquelle la collaboration existe entre nos pays. Il ne se passe pas une journée où nous ne sommes pas au Foreign Office ici ou inversement, eux nous demandant nos opinions sur un certain nombre pays, la Chine est certainement l'un des pays dont nous discutons périodiquement. Le R.-U. a été extrêmement ouvert et aidant dans notre quête pour sortir de la détention arbitraire nos deux citoyens canadiens prisonniers depuis trop longtemps, les « Michaels », et le R.‑U. a toujours été en première ligne pour rappeler que nous avons, je crois, plus de 300 000 citoyens canadiens qui vivent à Hong Kong.

Si quelque chose se passe là-bas et que les gens commencent à ressentir le besoin de partir, cela nous touche également beaucoup. Hong Kong, par contre, est un autre point chaud, un dossier brûlant, profond et un gâchis sur de multiples aspects, et nous discutons périodiquement avec le R.-U. pour savoir quels sont ses plans, quelles sont les annonces publiques qu'il compte faire et comment il compte aller de l'avant. Par ailleurs, il y a toujours les pourparlers plus prosaïques concernant le commerce et la nécessité de participer, et de savoir ce qui se passe lorsqu'il s'agit de prouver la solidarité en matière de responsabilité sociale des entreprises, dans les entreprises qui font affaire avec certaines parties de la société et des agences de Chine qui sont fiables et qui, par exemple, n'utilisent pas les employés d'une façon contraire à ce qui doit être.

Ainsi, il s'agit d'une relation complexe et profonde et je crois qu'il y a maintenant une bonne possibilité, puisque le R.‑U. semble plus agile et que nous pouvons tirer parti de cette souplesse.

Michelle d'Auray : Ailish?

[Les deux autres fenêtres vidéo reviennent brièvement à l'écran. La fenêtre d'Ailish remplit l'écran.]

Ailish Campbell : Oui, je crois que nous pouvons vraiment élaborer longuement sur ce que Stefanie disait, à mon avis, ce dont elle parlait en termes d'agilité du côté du R.‑U. est un point vraiment majeur. Selon moi, lorsqu'il s'agit du Canada et l'Union européenne, en matière de politique étrangère, encore une fois, je partirais de la base, soit l'OTAN et nos relations en matière de sécurité.

[L'éclairage d'Ailish vacille légèrement.]

Je ne sais pas si beaucoup de Canadiens savent qu'un de nos plus grands bataillons de soldats canadiens, sinon le plus grand, se trouve actuellement en Union européenne, en Lettonie, en pleine opération pour protéger bien sûr la frontière lettonne et être à l'affût des interférences étrangères. Cette opération est extrêmement importante et c'est l'un des plus grands domaines de collaboration et cela se produit, comme je le dis, sur la base d'une fondation structurelle de notre relation, qui fait le pont de façon heureuse entre le R.‑U. les É.‑U. et l'UE. Stefanie disait que la relation transatlantique, en fait, et je crois que j'abonderai en ce sens, c'est vraiment un élément structurel très intéressant, le fait que contrairement à la politique commerciale ou, par exemple, certains aspects de la politique économique et incidemment, toutes mes excuses, une idée me vient, comme un éclair, et tout ce que je puis dire c'est : « Ici, dans la pandémie, c'est un vrai miracle que je puisse même aller en ligne. » Je me concentre sur le tableau général.

Par contre, la politique étrangère se fait dans l'unanimité, la politique étrangère se fait ici dans l'unanimité. Qu'est-ce que cela signifie? Cela veut dire que, souvent, l'UE ne peut arriver à une position commune. L'un des États membres doit imposer son veto ou un État membre doit présenter un refus ou s'abstenir et la capacité de l'UE de faire valoir sa présence en politique étrangère s'écroule. C'est donc un véritable défi, où l'on s'active de façon incroyable, et ce qui est fascinant pour le Canada dans l'Union européenne, c'est que les leçons se retrouvent dans toute une gamme de domaines touchant la gouvernance, Michelle et Stefanie, d'accord? Il s'agit des structures que nos alliés choisissent pour prendre des décisions ou arriver à des concessions vraiment complexes. Et en politique étrangère, ce dont il s'agit vraiment c'est de savoir s'il doit y avoir un point de vue commun pour introduire ce qu'on appelle essentiellement un vote à la majorité, pour en arriver à une politique étrangère commune qui, jusqu'à présent, n'a pas été acceptée par les États membres. Et je pense alors que nous pouvons parler de volatilité et de valeurs.

Donc, le monde devient de plus en plus instable, même près de chez nous, et cela comprend, bien sûr, les É.‑U. qui, par exemple, n'ont pas adopté de politique stable sur des questions comme l'immigration et, par exemple, plus près de chez nous, et pour nous également, l'environnement. Donc, ce que cela signifie, c'est que le Canada doit être encore plus affirmatif concernant ses valeurs et intérêts et doit établir des coalitions de partenaires, c'est un monde beaucoup plus complexe, à mon avis, que celui de l'époque où je suis arrivée à Affaires mondiales Canada qui était, il y a 15 ans, le ministère du Commerce. Et cette complexité est que nous analysons les problèmes un à un, là où existent des coalitions de partenaires et nous pouvons aborder certaines de ces questions et cela comprend bien sûr les droits de la personne ou les sanctions, et l'importance, dont parlait Stefanie, de chaînes d'approvisionnement transparentes dans toute une gamme de produits, certaines chaînes d'approvisionnement, incroyablement complexes, et certaines chaînes d'approvisionnement pour le Canada, assez simples, notamment les produits agricoles de base que nous continuerons à exporter à grande échelle de par le monde. Nous avons donc besoin de commencer vraiment à choisir ce que nous faisons en termes de politique étrangère, de commerce, de sécurité, à propos de ces partenaires multilatéraux et en travaillant sur chacune des questions, une à la fois. Et je crois que, encore là, en plus de l'OTAN sur le côté institutionnel, il y a des institutions multilatérales, notamment, au cours de la pandémie, l'Organisation mondiale de la santé et, sur le plan du commerce, l'Organisation mondiale du commerce, où l'ordre international fondé sur les règles et la possibilité de poursuivre nos partenaires, encore une fois, demeurent mondiales par leur envergure. Nous devons aller de l'avant ensemble en ce qui a trait aux changements climatiques évidemment, le troisième exemple dont je pourrais discuter ici.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Ce sont là des points très intéressants car, lorsque je siégeais à l'OCDE, je pouvais constater l'existence de divergences de valeurs chez les membres européens de l'OCDE.

[La fenêtre vidéo de Michelle remplit l'écran.]

Par contre, il y avait des convergences sur certains thèmes très importants, et même pour le Canada, par exemple l'économie numérique. Ainsi, même si parfois, j'avais… J'ai dirigé un groupe sur l'équité entre les sexes plus ou l'égalité entre les sexes plus et j'ai même connu quelques difficultés à obtenir qu'un certain nombre de collègues européens intéressants siègent à la table, mais il existe un groupe sur l'économie numérique et tout le monde y venait. Alors, vous pouvez voir où se situe l'intérêt, tant sur le plan des renseignements personnels, sur la technologie, l'intelligence artificielle, les montants, tous voulaient participer parce que, dans ce domaine, il n'y avait pas encore de règle et qu'il fallait partir de zéro.

L'autre aspect portait sur le changement climatique et même il existait certaines différences d'opinion ou de points de vue, tous voyaient les répercussions et je dirais encore plus après la pandémie. Donc, on pouvait peut-être parler un peu de la façon dont le Royaume-Uni se positionnerait et dont le Canada peut lui-même se positionner sur des thèmes d'intérêt communs, par exemple le climat et la technologie et j'ajouterais reconstruire, après la pandémie,

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et d'Ailish reviennent à l'écran.]

il existe des perspectives vraiment intéressantes. Donc, Ailish, vous avez abordé quelques-uns de ces thèmes. C'est à vous.

[La fenêtre vidéo d'Ailish remplit l'écran.]

Ailish Campbell : Certainement, je crois que ce que nous pouvons faire de plus important est, en premier lieu, de valider nos hypothèses, Michelle, vous savez, ce à partir de quoi nous reconstruisons et ce qui pourrait avoir changé sur le plan structurel, surtout au cours de l'année écoulée. Si je dis cela, c'est que je crois que nous pourrons observer certaines bonnes choses sur le plan du marché du travail au Canada, n'est-ce pas? Tandis que la situation se rétablit au niveau de l'emploi, les heures travaillées sont évidemment la véritable mesure de notre succès économique, mais je dirais également, en ce qui a trait à l'inclusion économique, qu'il y a eu, selon les termes de certains experts, une « récession au féminin », celles-ci ayant quitté le marché du travail et si nous ne réglons pas la question des services de garde, nous ne réglons pas l'inclusion économique et le rétablissement. Et la raison pour laquelle je dis cela est que nous devons valider nos hypothèses sur nos modalités de partenariat avec les autres pays au cours de l'année écoulée. Quels ont été les effets positifs? Quelles étaient les difficultés? Évidemment, sur la diplomatie vaccinale, le Canada et l'Union européenne, ainsi que d'autres partenaires comme les É.‑U., ont financé au niveau mondial le COVAX, le programme COVAX dans l'accélérateur, en ce qui a trait au rétablissement du monde après la pandémie. Et nous allons régler, tout d'abord, la distribution des vaccins et l'accès à ceux-ci au Canada. Je me réjouis que les collectivités nordiques et autochtones aient reçu la priorité pour le lancement de la vaccination au Canada et que, dans leurs propres langues, nous avons connu beaucoup d'innovations en matière de santé publique, notamment la santé publique communautaire. Nous avons beaucoup à partager avec l'Union européenne sur ce plan et beaucoup à partager, je crois, concernant à la fois les défis et les succès en matière de santé numérique, domaine qui sera maintenant la grande question, tandis que nous établissons l'interexploitabilité pour reconnaître mutuellement nos certificats de vaccination.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran. Stefanie hoche la tête pendant qu'Ailish parle.]

Ailish Campbell: Vous le savez, et Stefanie le sait mieux que personne, c'est un travail énorme de la part de nos collègues de par le monde. Par contre, Michelle, vous avez soulevé un point qui, j'estime, est vraiment fondamental et je vais simplement retenir un aspect, celui des données.

[La fenêtre vidéo d'Ailish remplit de nouveau l'écran.]

En permanence, il se génère des données partout dans l'Union européenne et c'est vraiment intéressant sur le plan stylistique pour les fonctionnaires et les personnes qui sont avec nous aujourd'hui; je ne saurais trop insister sur l'importance de la protection des renseignements personnels et des permissions; c'est une version activiste vraiment pro-consommation de la génération des données, juste le cas des données, du droit à être oublié. L'UE a été un chef de file mondial sur toute une gamme de ces questions. Le Canada, dans son interexploitabilité avec l'Union européenne et le R.‑U. et maintenant, les É.‑U., de plus en plus je crois, évidemment avec le Partenariat transpacifique global et progressiste avec des partenaires comme l'Australie, le Japon et la Nouvelle‑Zélande, le Vietnam et d'autres, nous essayons de créer un système où existent ces types de permissions et de transparence en matière de données. Nous avons la localisation des données, par exemple, sur des renseignements délicats comme la santé, et nous autorisons aussi plus de poursuites en matière de données ouvertes que, peut-être, nos partenaires européens, lorsqu'il s'agit de données sur les consommateurs. Je crois que nous en sommes exactement comme vous le disiez, nous sommes encore à établir un processus, de sorte qu'il reste encore à régler de nombreuses questions et préciser de nombreux règlements à mettre en place, à réformer et à adopter. Il y a actuellement un énorme débat sur les technologies des plateformes et mon message s'adresse en fait à nos cousins américains, car je crois qu'ils doivent rattraper leur retard car il est évident que nous sommes à construire les prochains fondements économiques et les nouveaux modèles d'affaires, qui sont évidemment déjà en place, y compris avec Google et Amazon et, du côté canadien, avec des champions comme Shopify et Mindbridge, nos institutions financières.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran.]

Nous n'en sommes pas encore arrivés à une compréhension commune entre démocraties sur ces questions et c'est pourquoi notre travail à l'OCDE avait tant d'importance et un dossier à surveiller cette année et bien sûr, pour les cinq à 10 prochaines années, car les choses sont si complexes, ne sont jamais réglées, il s'agit de règles sur l'imposition des produits numériques, les produits générés par les données et, vous étiez au cœur même de cette question à l'OCDE. Ces questions, non seulement ne sont pas réglées, les États‑Unis, juste avant d'arriver ici pour le sommet, le sommet É.‑U.-UE, ont annoncé une contre-mesure contre ces pays qui ont introduit un impôt numérique, ce qui comprend la France et l'Espagne et le Royaume-Uni.

[La fenêtre vidéo d'Ailish remplit l'écran.]

Ils ont été suspendus des pourparlers en cours pendant six mois, mais il s'agit du type de domaine où le Canada doit être d'une extrême clarté concernant la capacité d'imposer les entreprises productives, peu importe leur modèle d'affaires, pour disposer des recettes fiscales pour gérer non seulement les mesures financières extraordinaires que nous avons prises au cours de la pandémie, mais également établir, à mon avis, un modèle plus égalitaire en matière d'imposition et un modèle fiscal plus durable pour nous-mêmes et de plus, par nature, cela concerne nos partenaires en Europe, le R.‑U. et les É.‑U.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Et je crois que nous verrons encore plus la présence des É.‑U. sur ces questions, comme nous en a parlé Janet Yellen et sa proposition sur ce que j'appellerais un impôt uniforme sur les sociétés, et ce n'est probablement pas ainsi qu'elle le qualifierait. Et… désolée?

[Ailish lève le doigt.]

Ailish Campbell : L'impôt minimum des entreprises.

Michelle d'Auray : Minimum, oui. Et l'administration Biden y va de sa proposition de conclure une entente avec l'UE concernant la protection des renseignements personnels. Et cela sera également… Nous avons une sorte de sommet de l'UE qui s'en vient, j'y reviendrai dans un instant, mais c'est au tour de Stefanie, qui abordera quelques domaines dont nous avons parlé plus tôt.

Stefanie Beck : Ce sont deux grandes questions, n'est-ce pas? Nous pourrions parler simplement d'impôt sur le numérique pendant une demi-heure facilement.

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Et ces discussions ont eu lieu à Londres, récemment, lors de la réunion des ministres des Finances du G7 et la VPM Freeland y a fait bien des déclarations. Il est très intéressant de s'intéresser à quelque chose dont il a été question, par exemple au Cabinet, depuis bien des années maintenant, comment tirer le maximum de ce que nous avons? Comment s'assurer de ces revenus et quelles seraient leur meilleure affectation? Que faisons-nous vraiment lorsque c'est arrivé. Beaucoup d'autres pourparlers s'annoncent à ce propos.

En ce qui a trait aux changements climatiques, je dirais toujours changements climatiques et biodiversité, d'accord? J'y ajoute l'aspect nature également. Un aspect essentiel pour un pays comme le Canada, cela tend à être une arrière-pensée et pourtant, c'est ce qui sous-tend vraiment le développement de notre pays à tous les égards. Nous ne pouvons discuter de la nature, c'est le cœur même de notre pays et notre propre dépendance et interdépendance avec d'autres pays également.

Le R.‑U. a la fierté et le plaisir d'accueillir cette année le G7, et aussi la CDP26 et a fait de ces deux sommets les joyaux de la Couronne de sa nouvelle politique étrangère, mais également de sa politique intérieure. Depuis janvier, et même avant, en ce qui a trait au G7, le gouvernement du R.‑U. a fait très clairement savoir qu'il avait des ambitions très élevées. Il a injecté beaucoup de poids et d'appels et de démarches diplomatiques visant les pays qui ont vraiment besoin de se mettre en avant maintenant et comme beaucoup le savent déjà, la pandémie passera, mais le changement climatique ne passera pas. C'est un problème tenace auquel nous devons faire face et l'urgence n'est pas que pour la pandémie; c'est quelque chose que le premier ministre Boris Johnson n'a jamais cessé de déclarer. Nous verrons donc une progression dans les types d'activités entreprises et les annonces et nous comptons en savoir davantage bien sûr après le sommet du G7, lorsque tout aura été dit et fait, mais il y aura un autre sommet, à la fin de juillet, ici même à Londres, sommet de niveau ministériel dont le but encore une fois est d'inciter les pays à se mettre de l'avant : on espère un G7 carboneutre et d'autres annonces concernant le carbone.

De plus, comment s'y prendre pour faire participer les entreprises multinationales? Les posséder davantage? Mieux répondre aux clients ou aux consommateurs? Nous avons vu Mark Carney intervenir à ce titre et il est presque à moitié britannique, ayant passé une bonne partie de son temps ici avec son épouse, Britannique elle aussi, mais il travaille maintenant pour les Nations Unies à quelque chose sur lequel nous pouvons tous être d'accord. Je crois qu'il y aura davantage d'entreprises qui se mettront de l'avant; quelques régimes de retraite canadiens ont déjà fait savoir qu'ils deviendront « carboneutres », et nous en verrons davantage à l'avenir. Les secteurs du pétrole et du gaz, au Canada, cherchent comment transformer leur production énergétique en quelque chose de plus propre.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent à l'écran. Ailish prend des notes pendant que Stefanie parle.]

Le gouvernement canadien peut, bien sûr, offrir son aide, mais c'est quelque chose que nous ferons seuls et c'est l'un des objectifs du Royaume-Uni, c'est-à-dire embarquer tout le monde tandis que nous avançons et avoir quelques annonces encore meilleures à l'époque de la CDP26 à Glasgow, les 1er et 2 novembre et d'entrée de jeu. Nous ne savons pas encore si cela rassemblera comme d'habitude 30 000 personnes, car il se peut très bien, pandémie oblige, qu'il n'y ait que les dirigeants et les négociateurs principaux et le reste du contingent normal des personnes qui seraient là dans une configuration hybride, soit les entreprises d'un côté, plutôt quelque chose comme cela, ou de petits groupes, mais il y a quelque chose à attendre de l'événement, certainement.

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Pour ce qui est de reconstruire en mieux, c'est également un thème issu du sommet du G7, bien sûr, et le R.‑U. est le premier à le clamer. Je crois que le Canada a formulé cela en reconstruire en mieux et de manière plus écologique et équitable et, en tous cas, pour ceux d'entre vous qui travaillent à la planification de la transition à moyen terme, ceux qui ont les types de programmes et de politiques que le Conseil privé examinera pour l'avenir, quelque chose qui peut porter sur de multiples enjeux en même temps. Ici, au R.‑U., on parle de niveler, donc d'essayer de répandre la richesse dans l'ensemble du pays, notamment dans le nord de l'Angleterre où, mentionnons-le, Boris Johnson a besoin de plus de sièges, non pas que cela ait un rapport avec quelque chose du genre, mais évidemment, c'est un aspect qui est important pour veiller à ce que les collectivités les plus vulnérables soient celles qui fassent partie de la relance au cours des mois et des années qui viennent.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Je vais revenir à un sujet que vous avez toutes deux mentionné, c'est‑à‑dire les femmes. Donc, le Sommet du G7 a poursuivi l'initiative du Canada sur l'importance de l'égalité. L'Union européenne a porté certaines femmes éminentes à la tête de la Banque centrale européenne, notamment à la présidence. Quels sont les éléments à prendre en considération... Ailish, vous avez parlé d'enjeux liés à la gouvernance, ainsi que de modèles de gouvernance. Comment le Canada et l'Union européenne peuvent‑ils collaborer pour faire progresser les questions d'équité entre les sexes, ou devrais‑je dire, les questions d'égalité entre les sexes? Du côté du Sommet du G7, à quoi pouvons‑nous nous attendre à cet égard?

[La fenêtre vidéo d'Ailish remplit l'écran.]

Ailish Campbell : Michelle, je peux peut-être ajouter trois points. Premièrement, j'ai fait une petite recherche ce matin, et il me semble vraiment intéressant de noter qu'au Canada, les postes d'ambassadeurs sont occupés à 50 % par des femmes, c'est-à-dire que presque la moitié de nos ambassadeurs sont des femmes. Toutefois, pour les économistes comme moi, c'est une question de répartition. De plus, et je dois le répéter, les femmes occupent la moitié des postes du G7. Je pense que ça, c'est aussi important. Parmi ces femmes, il y a notre ambassadrice à Washington, Kirsten Hillman, ainsi que notre ambassadrice ici en Europe, en France, Isabelle Hudon. Je pense que cette représentation est vraiment, vraiment très importante, et je le dis parce que seulement six des vingt‑sept États membres peuvent compter sur une femme comme ambassadrice pour les représenter au sein de l'Union européenne ici à Bruxelles. À mon avis, l'Union européenne a un défi à relever à la première étape, soit celle de la représentation. Ensuite, nous sommes entièrement alignés sur le féminisme, notamment avec les États membres du Nord, comme la Suède et la Finlande. Aujourd'hui, j'ai parlé avec la représentante permanente, Maya. Elle était incroyable. C'est une femme très influente. Je dois toutefois ajouter que le féminisme n'est pas accepté dans beaucoup de cultures comme il l'est au Canada. Nous avons donc eu de nombreuses discussions, et pas seulement avec les gouvernements, mais aussi avec les groupes d'entreprises dans lesquelles aucune femme n'occupe un poste de direction; ce qui veut dire qu'il n'y a pas de femmes dans la suite de commandement (ou parmi la haute direction), ni comme première dirigeante. Pour terminer, Michelle, vous avez souligné notre collaboration et notre coopération au sein du G7, au centre des conversations du G7, concernant le développement des femmes et les filles dans les situations de développement. Ainsi, dans les pays du tiers monde, disons en Afrique, le développement et l'éducation des filles et des enfants, c'est très, très important. J'ajouterais que j'ai davantage confiance en notre collaboration avec l'Union européenne sur ce troisième point.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et de Stefanie reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Stefanie?

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Stefanie Beck : Pour nous, je dirais que c'est la même chose ici au Royaume‑Uni. Une importance considérable a été accordée à ce qui se passe au chapitre du développement des femmes. Et pas seulement au G7, mais aussi dans le cadre de discussions sur le développement bilatéral et multilatéral des femmes. Comme vous le savez, le Royaume‑Uni a diminué son aide étrangère de façon significative cette année. Le gouvernement a indiqué que c'était à cause de la pandémie. Espérons que le tout sera rétabli au cours des prochaines années. Toutefois, le gouvernement a continué d'accorder la priorité au retour à l'école, par exemple, pour les jeunes femmes, ainsi qu'à l'éducation en général. Pour le Sommet du G7 plus particulièrement, l'accent a porté sur l'éducation.

…, évidemment, l'autonomisation des femmes et stopper la violence contre les femmes.

Il s'agit donc des trois thèmes, pour ainsi dire, mais cela commence dès maintenant à la maison. En fait, le Royaume‑Uni est en voie de modifier sa législation sur la violence à l'égard des femmes; certains événements qui ont eu lieu récemment ici à Londres ont vraiment fait de cette question un enjeu prioritaire dans les journaux et les médias.

C'est quelque chose d'essentiel pour l'avenir de la politique du R.‑U. également, de sorte que cela devient une question économique. Ce n'est pas une question politique. C'est partout, tout le temps.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent brièvement à l'écran avant que celle de Stefanie ne remplisse de nouveau l'écran.]

Comment veiller à ce que la relance comprenne les femmes et également les collectivités vulnérables et, bien sûr, c'est souvent la même chose. Et le R.‑U. accueillera, à la fin de juillet, une autre grande conférence internationale sur la scolarité des filles, souhaitant obtenir de fortes contributions financières de nombreux pays, notamment le Canada. C'est en fait là aussi un résultat du G7 à Charlevoix. Tout comme le Conseil consultatif sur l'égalité des genres l'était aussi et nous étions très heureux que l'ambassadrice Isabelle Hudon fasse partie de ce conseil encore une fois avant de partir diriger les grandes [entreprises]. BDC — Banque de développement du Canada, si je ne me trompe pas.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Puis-je vous interroger toutes deux sur quelque chose qui va… C'est un thème présent sur divers fronts, soit ceux qui voyagent, mais également au Canada, le passeport vaccinal. Comment l'Union européenne gérera-t-elle cette question et quel serait l'impact au Canada? Et je sais que c'est un peu un problème aussi au Royaume-Uni et non pas simplement dans les relations R.‑U.-transatlantiques, mais aussi les relations R.‑U.-UE. C'est un thème plus particulier. Ailish, quel serait votre point de vue là-dessus?

[La fenêtre vidéo d'Ailish remplit l'écran.]

Ailish Campbell : Volontiers, Michelle. Et avant d'aborder le sujet, je veux juste ajouter à ce que Stefanie disait dans ce dernier tour. Je crois que quelque chose qui est ressorti du travail accompli au G7 était également à quel point le Canada devait encore travailler sur la diversité et l'inclusion. Ainsi, je constate simplement que la représentation est tellement en retard, en matière de genre, que nous devrons continuer à travailler sur cela également et j'estime, un peu plus près de nous, que la représentation du Canada exige que nous abattions beaucoup plus de travail et nous allons nous y atteler afin de mieux représenter la totalité du Canada, y compris les points de vue raciaux, les points de vue LGBTQ+, qui deviennent vraiment, à mon sens, beaucoup plus riches et plus représentatifs de nous sous toutes nos facettes.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran.]

Et je constate que nous sommes toutes des femmes, des femmes blanches, nous pouvons faire beaucoup pour relever la représentation, mais aussi faire la promotion de tant de Canadiennes fantastiques aux échelons supérieurs. Donc, lorsque je dis cela c'est avec une certaine humilité, car je crois pouvoir parler franchement. Je peux, pour ainsi dire, céder la main aux Européens en matière de représentation des genres, mais nous avons du travail à faire ici chez nous concernant tant d'autres vecteurs.

Votre question sur les passeports vaccinaux? Écoutez, la première chose que j'ai apprise de votre étonnante équipe consulaire c'est « Ne dites pas passeport ». Je suis supposée dire certificat de vaccination, car il n'y a qu'un seul passeport et c'est celui que vous obtenez pour franchir la frontière et ça, c'est précieux, n'est-ce pas? Et je me tourne vers Stefanie.

[Stefanie hoche la tête.]

Michelle d'Auray : Très bien. Merci pour cela, je dirai désormais certificats de vaccination.

Ailish Campbell : OK, écoutez, j'étais dans le même cas, j'étais dans le même groupe que vous. Donc je répète ce conseil précieux à mon personnel consulaire et, à cet égard, nous allons voir, à mon sens, trois facteurs importants, le premier étant lequel « vaccine » l'Organisation mondiale de la santé. Cela nous fait simplement voir l'importance de la coopération bilatérale, mais il en va autant à l'échelon multilatéral. L'Organisation mondiale de la santé est l'organe qui décide, pour ainsi dire, quel seuil d'efficacité doit avoir un vaccin pour être sur la liste de l'OMS.

Ensuite, les États membres auront à décider s'ils acceptent la liste de l'OMS ou s'ils vont créer un sous-ensemble de vaccins qu'ils estiment permissibles, vous, par exemple, ou des citoyens à l'étranger qui seront désignés comme vaccinés. N'est-ce pas? De plus, je pense qu'il va falloir s'occuper des modalités de reconnaissance des certificats. Y aura-t-il une sorte d'organisme mondial sans but lucratif? Il existe un certain nombre d'initiatives, notamment de l'OMS. J'ajouterai que le Forum économique mondial travaille sur quelque chose qu'il appelle laissez-passer commun avec un groupe sans but lucratif, il pourrait y en avoir d'autres, les pays du Groupe des cinq, etc., là où il faut décider quels sont les documents qui seront acceptés ou non.

Par contre, nous revenons à une question encore plus fondamentale et je crois que Stefanie en a traité : comment vivons-nous avec la Covid? Et à ce propos, les nouveaux variants, l'exigence pour monter à bord des avions fait l'objet de politiques d'entreprises et les transporteurs aériens eux-mêmes fixent leurs propres politiques, par exemple pour les tests négatifs. À quel point ces tests doivent-ils être sensibles s'il s'agit de 24 heures auparavant dans certains pays, 72 heures avant pour d'autres. Il y a de nombreuses questions à éclaircir et c'est pour cette raison que nos collègues à la frontière, qui travaillent avec la santé publique, ont tellement d'importance. Un immense bravo à tous ceux qui travaillent sur ces questions et il n'y aura pas une seule et unique réponse finale, il y en aura de nombreuses et enfin, à l'intérieur de l'UE, on est plutôt fascinés par le fait qu'au Canada, nous avions une sorte d'aspect provincial sur cette question, car certaines provinces réglementaient aussi la façon dont leurs compatriotes canadiens pénétraient dans leur espace provincial.

Donc, beaucoup de travail, mais je crois et vous le savez, être un pays fédéré, une confédération, nous aide à comprendre la façon dont nous devrons gérer cela parmi tant d'autres, y compris nos politiques frontalières et de quarantaine et également pour ce qui est de l'évaluation du risque, car le risque n'est jamais nul. Comment faire une évaluation du risque? Comment atténuer les risques? Mon hypothèse est qu'il faudra un regard très attentif sur un certain nombre de variables, notamment de quel pays vous revenez ou même, de quelle province, dans notre cas, en ce qui a trait aux vaccinations, aux taux d'infection à la Covid et aux variants. Les voyageurs devront porter vraiment attention à l'information et nous allons devoir faire du bon travail en matière de communication.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran.]

Stefanie Beck : Mm-hmm.

Michelle d'Auray : Cela touche profondément aussi, je dirais, le concept de la liberté de circulation.

Stefanie Beck : Oui.

Michelle d'Auray : Et je crois que c'est un aspect important dans l'Union européenne en tant que marché économique, en tant qu'entité, mais cela a également eu des répercussions sur le Canada, comme vous le faisiez remarquer, Ailish, car nous avons connu, je ne dirais pas des fermetures de frontières, mais des restrictions sur les déplacements intérieurs. Et je pense que, c'est la toute première fois, mais le concept de liberté de mouvement est très important pour l'Union européenne et c'est une question qui a été remportée mais qui demeure, selon moi, de sorte que j'utilise le certificat de vaccination comme prétexte pour parler du mouvement des personnes entre l'Union européenne et le R.‑U. et également entre l'Union européenne et le R.‑U. et le Canada.

Stefanie Beck : En effet, c'est encore une de ces conversations qui n'en finissent pas, à la fois évolutives et révolutionnaires.

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Pour moi, puisque nous nous adressons à nos collègues fonctionnaires, c'est là une grande question de politique publique, très intéressante en raison de tous les divers aspects concernés. Vous vous souviendrez qu'à l'origine, les discussions sur un certificat de vaccination visaient vraiment des questions intérieures. Est-ce que j'en ai besoin pour… Au R.‑U., c'était… est-ce que j'en ai besoin pour aller au pub? Est-ce que j'en ai besoin pour me rendre à un concert? Beaucoup de consternations sur « Attendez! J'ai la liberté de mouvement dans mon propre pays et vous dites qu'elle sera limitée et j'ai peut-être une raison pour ne pas me faire vacciner? » Il y a un tout autre aspect à savoir ce que veut dire pleinement vacciné. Si vous obtenez une dose d'AstraZeneca et une de Moderna, êtes-vous vraiment vacciné? Il pourrait donc y avoir un comité qui en débattrait pendant un certain temps. Ici, au Royaume-Uni, les questions de données sont moins redoutables qu'elles le sont au Canada car le système de santé national saisit la totalité des données et dispose d'une appli qui peut être convertie, de sorte qu'on peut en fait utiliser cette application pour montrer un code QR ou quoi que ce soit d'autre. Bien sûr, je n'oublie pas qu'il y a encore un nombre important de personnes qui n'ont pas de téléphone mobile ou n'ont pas la possibilité de montrer un gadget au besoin.

Au Canada, et encore une fois, c'est un problème de longue date entre compétences fédérales/provinciales, qui est propriétaire des données? Qui veut les partager? Qui veut les partager dans les meilleurs délais? Ce que je veux dire c'est que nous essayons, depuis je ne sais combien d'années, d'arriver avec une pièce d'identité fédérale, mais c'est virtuellement impossible. Il y a eu toute une discussion indépendante sur le passeport réel possédant une petite puce. Beaucoup de gens disaient « Il suffirait d'envoyer cela dans une base de données sur la santé et l'information serait retransmise dans la puce et ensuite… » Non non, ce n'est absolument pas une option. Ainsi, IRCC, l'ASFC, Transports Canada, il est probable que certains d'entre vous présents aujourd'hui sont étroitement concernés par le développement de cette chose et je suppose qu'il y en aura non pas une, mais plusieurs, une version imprimée. Comme je le disais c'est vraiment intéressant d'un point de vue idéologique, d'un point de vue politique, mais je crois que tous seront d'accord et nous, certainement, depuis de nombreux mois, il faut qu'il y ait quelque chose, il faut un moyen de prouver que vous avez reçu vos deux vaccins, quels qu'ils soient de sorte que vous puissiez partir en croisière ou prendre l'avion.

L'autre aspect ici est de savoir ce que vérifient les transporteurs aériens. Disons que les Indiens arrivent avec une version et les Britanniques, une autre : il est facile d'imaginer à quel point tout cela deviendrait compliqué. Ironie du sort, cela aboutirait à une plus grande liberté de mouvement. Si nous avons quelque chose, ou autre chose, reconnue par tous, vous vous diriez que l'OACI devrait être une partie concernée, n'est-ce pas? Ainsi, cela serait globalement acceptable aussi par l'OMS. Voici l'aspect sur lequel nous devons renforcer les pouvoirs de l'OMS ou les pouvoirs de l'OACI également. De sorte que la voie à suivre devienne plus claire pour tous. Et le Canada ne peut attendre, c'est autre chose, on a dit « que nous en viendrions à bout. Non, l'UE est là, n'est-ce pas? La Dre Campbell, si elle le voulait, demain, elle pourrait sortir et obtenir le certificat vert. Je ne sais pas si vous êtes entièrement vaccinée, mais c'est le point. Et actuellement, les Britanniques qui voyagent donnent des renseignements sur leurs vaccins pour aller au Portugal et revenir, en Islande et revenir. Le moment est venu.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : C'est une retombée intéressante de la pandémie que cette idée qu'attester de votre état de santé se traduise par un nouveau titre de voyage. Je n'utiliserai pas le mot passeport, mais un moyen d'avoir accès à un autre pays, à un autre endroit, une autre province et peut-être même à l'intérieur du Canada. Changement de propos, il y a deux sommets qui s'en viennent, des sommets auxquels le premier ministre participera, j'allais dire à London, mais c'est à Cornwall, ainsi qu'à Bruxelles, deux sommets de l'OTAN, mais également un sommet pour les relations UE-Canada. Tous les fonctionnaires adorent cela, quels renseignements communiquer au premier ministre? Quels sont les cinq grands enjeux? Que dites-vous de cela?

[Stefanie rit.]

Stefanie Beck : J'en parlerai d'abord parce que, dans l'ordre chronologique, le sommet du G7 vient en premier. Je suppose que, en bonne tradition de la fonction publique, je devrais vous dire que nous ne donnerons pas au premier ministre de séance d'information sur quoi que ce soit, c'est une visite multilatérale, n'est-ce pas?

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Cela ne relève pas vraiment du contrôle de cette mission bilatérale ici au Royaume-Uni. S'il s'agissait d'une réunion du Commonwealth, bien sûr, car nous sommes reconnus au Commonwealth. Nous discuterons avec lui de sa rencontre bilatérale avec Boris Johnson mais, plus largement, pour le G7, c'est une série de rencontres ministérielles, n'est-ce pas? Il y a eu en fait, il me semble, sept rencontres ministérielles dans la période précédant ce sommet et chacune était très réussie, quelques-unes en personne et le reste en mode virtuel, le choix, bien sûr, dû en partie à la pandémie, mais aussi en raison de ce qui devait être débattu.

Dans certains cas, il faut être là en personne, le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, était là en personne. La plus grande partie de ce dont ils ont discuté, vous n'en saurez rien dans la presse et, par conséquent, il est en fait difficile de justifier que le sujet de discussion était X et que c'est la raison pour laquelle ils étaient là en personne. C'est le genre de problème bizarre qui se présente à nous. Le premier ministre a également discuté avec le premier ministre Johnson plusieurs fois dans la période précédant ce sommet. Le premier ministre Johnson a fait ce que j'attendrais de tout bon dirigeant. Il a lancé des appels à tous les dirigeants du G7. Il veut s'assurer que le sommet ait toutes les chances de succès. Il faut que ce soit un succès du point de vue de la politique intérieure, ainsi que pour les motivations personnelles du premier ministre Johnson et, franchement, pour le reste du monde.

La pandémie a donné lieu à un phénomène intéressant, je le mentionne simplement parce que ce n'est pas normal, dans les rencontres en présentiel précédant ce sommet, que des gens aient été si heureux de se retrouver dans la même pièce avec d'autres humains, l'atmosphère a été extrêmement positive, même chaleureuse et que seraient normalement les discussions épineuses,

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent à l'écran.]

peut-être, sur les négociations d'un communiqué final : « C'est ce mot que vous voulez? Bien sûr. Ou qu'est-ce que vous pensez de tel autre mot? Qu'en est-il de cette autre phrase, en remplacement ». Vous connaissez cela, les fleurs qu'on se lance, les semblants de baisers, beaucoup de joie. La vague est très favorable et en fait, peut-être semble-t-il que les très hautes ambitions du Royaume-Uni seront toutes satisfaites.

[La fenêtre vidéo de Stefanie remplit l'écran.]

Et c'est ce que je transmettrais en grande partie aux personnes simplement enthousiasmées par de réelles interactions humaines ce qui, je dirais, est une autre raison pour laquelle il est très important d'avoir une diplomatie en personne, toutes sortes de discussions sur ces questions et peut-être même une conversation privée, mais en fait le moyen de le faire. Je peux parcourir les priorités du G7, si vous préférez, mais vous pouvez tous en prendre connaissance en ligne. Ce que je crois très intéressant c'est cette question d'atmosphère et tout ce qu'on peut accomplir en personne et qui ne peut se concrétiser par MS Teams.

[Les fenêtres vidéo de Michelle et d'Ailish reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Intéressant, Ailish?

Ailish Campbell : Oui, Stefanie, j'apprécie vraiment cette question d'atmosphère, cela m'interpelle parce que, imaginez, je suis arrivée pendant la pandémie. J'ai pris mon poste en novembre 2020 et je n'ai même pas rencontré mes… Notre équipe de gestion au complet en personne, nous avons tout fait sur MS Teams et puis, ce moment magique arrive, où vous rencontrez une personne pour la première fois, avec son masque, dans le parc et vous vous dites « Ouah, vous êtes une vraie personne ». Ainsi, le fait que vous ayez parlé d'atmosphère est très opportun et me permet d'en tirer le maximum pour le Canada actuellement, car je crois que nous entretenons une relation solide. Parlons, globalement, de crédibilité, de stabilité, une vision de l'avenir qui, selon moi, a été bien servie par les gouvernements successifs au Canada depuis bien longtemps. Il y a un motif pour lequel nous sommes connus, pour ainsi dire, comme ce qu'il y a de plus proche d'un État membre tout en n'étant pas un État membre de l'Union européenne. En raison de ces valeurs et intérêts et d'une manière de faire les choses dont j'ai parlé antérieurement. Ajoutons bien sûr, à mon avis, notre façon bien particulière de voir le multiculturalisme mais aussi le « ici et maintenant » au cœur même de l'Union européenne, qui est née comme un projet franco-allemand et qui a progressé jusqu'à comprendre les pays nordiques, l'Europe de l'Est que nous connaissons de par notre travail dans l'OTAN.

Ainsi, lorsque nous donnerons à notre premier ministre une séance d'information, ce sera à mon avis vraiment important, d'abord et surtout tout ce qui touche le rétablissement après la pandémie. Il s'agit de notre rétablissement, en harmonie avec les autres, ce qui comprend des chaînes stables d'approvisionnement, les vaccins, la recherche et le développement permanents et n'oublions pas, bien sûr, l'aspect thérapeutique, car la Covid restera parmi nous sur le plan des diagnostics. Donc, le rétablissement après la pandémie, mais aussi ce dont nous avons parlé aujourd'hui concernant l'équité et l'inclusion, je crois, dès que nous serons sortis de la crise sanitaire, nous nous trouvons en effet devant une crise socio-économique vraiment profonde et nous analysons et partageons les leçons et pratiques exemplaires réelles. Ainsi, les Allemands nous ont enseigné, lors de la dernière crise financière mondiale, beaucoup de choses concernant la formation active au marché du travail, le recyclage professionnel des personnes qui sont à l'extérieur des années universitaires officielles. Le Canada a encore beaucoup de travail à faire pour former davantage les personnes après leurs années traditionnelles de collège et d'école secondaire. Donc, dans cet aspect de recyclage actif pour le marché du travail et le partage de postes, qui en était une caractéristique clé, nous avons observé une bonne stabilisation des salaires et des subventions dans le cadre de notre réaction à la pandémie, le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes à l'intention des petites entreprises.

Donc, nous tirons toutes sortes de leçons du rétablissement après la pandémie et ensuite, évidemment, les autres grands enjeux touchant le rétablissement après la pandémie à l'échelle mondiale. Comment augmenter l'offre de vaccins et la production à l'échelle mondiale? Dans quelle mesure nous concentrons-nous, par exemple, sur la diplomatie des vaccins pour l'Afrique. Pour les Antilles, l'Amérique latine et l'Amérique du Sud? Ce sont là de vrais voisins du Canada, de quelle façon apportons‑nous notre aide à tant d'autres qui ont besoin d'avoir accès à ce vaccin? Il le faut, ce sont là évidemment les deux grands enjeux et ensuite, parce que je crois que vous deux avez fait un excellent travail pour le faire reconnaître, le changement climatique en ce qui a trait à la diversité et aussi juste la réglementation environnementale courante, la durabilité, et rassembler tous les aspects de la société dans le projet commun que nous devons exécuter pour sauvegarder cette planète. Une solution positive pour la nature; je rappelle aux gens, ici en Europe, que lorsque le Canada atteindra son 30 % d'aires protégées d'ici 2030 et au-delà, c'est une superficie équivalente aux cinq plus grands États membres de l'UE, plus trois autres. Donc, le Canada est essentiellement, comme l'Amazone, le bassin du Congo et la Tourbière de l'Europe centrale et les puits de carbone qui s'y trouvent. Ce sont les quatre poumons de la planète, de sorte que l'environnement sera tout à fait à l'avant-plan de ces pourparlers avec le premier ministre.

De plus, parce que le Canada est perçu comme un meneur, mais également parce qu'il a à prouver dans quelle mesure les économies à forte teneur en énergie peuvent faire la transition. Donc, de bonnes conversations avec les collègues provinciaux à prévoir également, notamment en Alberta, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique, tandis que nous effectuons la transition écologique dont Stefanie parlait.

[Les fenêtres vidéo de Stefanie et de Michelle reviennent à l'écran.]

Michelle d'Auray : Je vais conclure. Pour ceux d'entre vous qui nous suivaient et nous écoutaient, vous avez un aperçu complet de l'ensemble des défis de la politique publique auxquels feront face ou font face les fonctionnaires canadiens. Nous avons des valeurs en commun avec l'Union européenne et le R.‑U., nous avons de bonnes relations transatlantiques, de bonnes relations commerciales.

[La fenêtre vidéo de Michelle remplit l'écran.]

Et également de bons mécanismes de gouvernance analogues, mais nous pouvons partager nos leçons, nos politiques publiques et nos programmes. Nous avons fait quelques grands pas dans de nombreux domaines et nous pouvons les partager avec les autres, et nous pouvons aussi apprendre des autres. Par contre, je réfléchis au système de valeurs, à la gouvernance, à notre approche au climat et je crois que nous avons un ordre international fondé sur les règles, tout comme dans nos approches au commerce.

[Les fenêtres vidéo d'Ailish et de Stefanie reviennent à l'écran.]

Nous avons beaucoup de points communs que nous pouvons continuer à exploiter et j'aimerais vous remercier toutes deux, la Dre Campbell, Stefanie, Ailish, merci de cette captivante couverture d'une très vaste gamme d'enjeux. Mes meilleurs vœux pour vos sommets qui auront lieu prochainement et merci beaucoup. Au revoir.

[Stefanie et Ailish envoient la main.]

Stefanie Beck : Merci.

Ailish Campbell : Merci. Au revoir.

[L'appel vidéo disparaît progressivement. Le logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada se dessine sur un fond violet. Les pages tournent, et le logo se ferme comme un livre. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre qui ressemble aussi à un drapeau, sous lequel se dessinent des lignes ondulées. Le mot‑symbole du gouvernement du Canada s'affiche : le mot « Canada », accompagné d'un petit drapeau du Canada flottant au-dessus du « a » final. L'écran devient noir.]

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